Gouvernail n°1 - septembre 2007
Mes chères Guides Aînées,
Le Feu s’ouvre à vous, en cette rentrée 2007, mais
vous, vous ouvrez-vous au Feu ?
Etes-vous de celles qui ont décidé, seule ou presque
et avec détermination, d’entrer au Feu, ou bien êtes-vous plutôt de celles
qu’il a fallu pousser ? De celles qui ont entendu « Tu dois faire une année sabbatique ou de
Guides Aînées avant d’être cheftaine » ? Vous êtes-vous dit
« Les GA ? Pfff… C’est un truc
de vieilles filles ou alors de futures religieuses » ???
Le Feu est ce que vous en faites. Il peut être chaud
et vif ou bien mort et froid. Selon ce que VOUS,
ce que TOI, tu en fais.
C’est dur de quitter la compagnie, de quitter sa
patrouille, son rôle de CP, avec ses bandes, son staff, sa 1ère
classe et les petites nouvelles qui vous regardent avec admiration. C’est dur
de construire sa personnalité et de quitter le monde de l’adolescence pour
celui des adultes. C’est dur, mais c’est inévitable et le Feu est là pour
t’aider dans cette quête, sur ce chemin. Toutes, nous sommes passées par là et
nous sommes encore en chemin. Cela fut plus ou moins facile selon les
personnalités, c’est vrai, mais la construction est nécessaire.
Maintenant, après avoir tant donné aux guides, tu vas RECEVOIR. Tu vas prendre du temps pour
toi, pour te connaître, approfondir ta Foi, faire des choses que tu aimes et
surtout, vivre l’Aventure avec un grand A. Qui n’a pas rêvé de toutes ces
excursions réalisées par certains groupes scouts ou guides à l’étranger, en
montagne, en bateau et qu’on peut lire dans Scout d’Europe ? Qui ne s’est
pas dit « Qu’est-ce que j’aimerais
moi aussi, vivre l’Aventure comme dans les Signes de Piste…. » ?
Et bien c’est le moment ! Tu as des envies, des
passions, des idées ? Partage-les ! Fais-nous en profiter et partons
toutes ensemble vers l’Aventure afin de se former des souvenirs impérissables
et de montrer à tous et à toutes que le Feu, loin d’être le « Club des
Vieilles Filles Désengagées » (ou CVFD®) est un groupe de
filles jeunes et dynamiques !
Le Feu est ce que tu en fais et toutes ensemble, nous
tâcherons d’en faire un feu de joie qui crépitera longtemps dans ton âme afin
que même dans 50 ans, tu aies un bon souvenir de ce temps où tu as entendu et répondu
à l’Appel de la Route…..
Agnès
La spiritualité de la Route
Joseph Folliet
Sois
attentif à l’appel de la Route qui t’invite :
« Je suis l’invite permanente, l’appel qui
résonne toujours. Que pleuvent des rayons ou des gouttes, que règne le jour ou
la nuit, que tu entres ou que tu sortes, je te fais signe.
Quand
tu vas te calfeutrer dans l’égoïste confort de ta maison, porte close, les
pantoufles sur les chenets, à peine m’as-tu regardée que tu frissonnes.
J’aiguillonne d’un reproche sans fin ton épicurisme, tes casanières
tranquillités de marmotte bourgeoise. Je te rappelle que ce jour aura un
lendemain, que tu dois préparer ; qu’il est d’autres pays que ton village
et d’autres hommes que ceux de ton entourage ; qu’il convient d’élargir
ton cœur aux dimensions, non de ce que tu connais, mais de ce que tu peux
connaître ; que nulle sécurité n’est radicalement affermie et que le cours
des temps varie comme celui des chemins. J’avive le conflit entre ton passé et
ton avenir, entre la torpeur et l’inquiétude.
Et
je te donne encore des leçons plus hautes. Car je suis l’image de la vie. Que
tu le veuilles ou non, tu es en route : il faut marcher, aller sans trêve
d’étape en étape et tu ne gagneras le repos que lorsque la mort corporelle te
fera signe. (…) Avance : marche ferme et tout droit. (…) Aux carrefours,
il t’arrivera d’hésiter sur les directions. Prends garde aux résolutions
hâtives, paresses déguisées ; Ne te guide pas sur le hasard et ta
fantaisie passagère mais sur ta raison. Au lieu d’enfiler un sentier au petit
bonheur la chance, consulte la carte et la boussole. Interroge l’Evangile et
l’Eglise. (…)
Voilà le troisième de mes enseignements. Non le dernier, car j’en tiens beaucoup d’autres en réserve. A toi de les méditer en vivant de moi, en te laissant faire par moi. Je ne suis qu’une occasion : la cause est dans ta volonté. Je préside à la naissance de l’éclair qui unit ton vouloir d’homme à la grâce divine. Je suis servante, ne refuse pas mes services. »
L'Appel de la Route
Père Hervé Renaudin
Il est des jours, des nuits surtout ou des matins,
ou l’envie te prend, garçon, de balayer la poussière des mots.
Dans le silence d’un cœur rempli d’étoiles, d’un espace en toi traversé par une brise légère, c’est un grand moment, c’est un temps de grâce, quand il t’arrive d’être saisi par Celui qui est de toute éternité, la Parole Unique.
« Les saints, dit Origène, ne tombent pas dans
la multitude des paroles, eux qui ont saisi l’Unique Parole."
Voici que le Verbe t’a trouvé.
Qu’il a frappé à la porte de ta vie,
Que tu l’as laissé entrer. Tu lui as ouvert, mais il t’a ouvert bien davantage.
Il a créé en toi une ouverture immense, une béance pour l’infini.
Il te fait plus grand que le monde et en même temps plus petit, plus pauvre,
plus humble qu’un brin d’herbe.
Dans cette petitesse même tu es introduit au sein de l’immense.
Dans le mystère en trois personnes de l’amour.
Entends-tu, garçon, celui qui te parle comme personne ne peut parler ?
Celui qui en te parlant te fait naître ?
Celui qui en se confiant à toi libère en toi la parole la plus personnelle, la plus capable d’aimer, de vivre,
de partir...
Il a, ce Verbe Unique, ce Jésus, qui s’adresse à toi de façon unique, qui te rend unique et universel à la fois, il a été précédé de multiples voix qui, toutes,
l’annonçaient, te préparaient à l’accueillir :
Voix des parents et des amis,
Voix de tous tes frères,
Voix de la Loi et de la Promesse,
Voix de toutes les attentes, de toutes les espérances,
Voix des prophètes, des guetteurs de l’aurore,
Voix de toute la création, voix du vent et de l’eau,
Voix qui montent depuis la terre,
Cris des hommes,
Voix du silence.
Aujourd’hui, garçon, Celui qu’elles proclamaient est là tout près de toi.
« Pourquoi, demandait Flaubert, vouloir être quelque chose quand on peut être quelqu’un ? ». Et Maurice Zundel ajoutait : « Peut-on devenir quelqu’un sinon en face de quelqu’un et pour lui ? ».
Celui qui te parle t’appelle à devenir quelqu’un : toi-même.
Celui qui t’appelle est Lui-même la Route,
la Route des hommes.
Deviens cet homme, garçon, qui fait entendre chaque jour au monde l’appel de la Route.